Le rêve à l’origine du Mudia ? Un musée pour partager la passion de l’art avec les enfants
- Victoria Marche
- 1 december 2025
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Eric Noulet et son épouse, Marie-Thérèse Toussaint adoraient visiter des musées. En grands connaisseurs et collectionneurs d’art, ce couple belge voyageait partout dans le monde à la découverte de nouvelles œuvres et expositions. Une passion qu’il leur était très difficile de partager avec leurs petits-enfants.
" Nous étions forcément très intéressés par l’art tous les deux mais nous regrettions beaucoup que les musées ne soient pas faits pour les enfants parce que, quand on y allait avec eux, au bout d’une demi-heure, ils en avaient assez », raconte Marie-Thérèse.
De là est né un rêve un peu fou : et si on créait un musée différent ?

Un musée pensé pour les enfants par des passionnés
" Ils voulaient quelque chose qui soit destiné aux enfants et surtout les initier à l’art », explique Michal Bauwens, responsable opérationnelle du MUDIA. Pas question de faire un énième musée classique. L’idée, c’était de montrer quelque chose de différent, accessible, qui donne envie aux plus jeunes de découvrir l’art tout en proposant un parcours riche pour les passionnés et connaisseurs.

Le projet a mûri pendant une dizaine d’années avant l’ouverture en 2018. Il fallait trouver le bon endroit, réfléchir au concept, rassembler les œuvres et fédérer des amateurs d’art pour constituer la collection. Leur ambition était de retracer l’histoire de l’art à travers les siècles.
" C’était leur idée de retracer toute l’histoire de l’art, ils voulaient toucher un plus grand public, pas forcément averti et connaisseur », poursuit Michal. Au vu du nombre de commentaires élogieux des visiteurs, leur choix était le bon. L’objectif était de proposer un parcours chronologique, de la Renaissance à nos jours, en passant par les différents courants artistiques.
Pourquoi Redu ?
Un musée, d’accord. Mais pourquoi à Redu ? « Il y a une légende qui dit que c’est à Redu qu’ils se sont rencontrés, sourit la responsable du musée. Une chose est sûre : les deux adorent les Ardennes. Marie-Thérèse venait de la région, ils venaient souvent s’y promener. » « On y passait régulièrement nos week-ends », confirme la principale intéressée.
Au-delà de l’attachement personnel pour la région, il y avait aussi un constat simple. La province du Luxembourg manquait d’offre culturelle de ce type. À Bruxelles, il existait déjà de nombreux musées. Dans les Ardennes ? Créer un musée d’art accessible aux familles, c’était apporter quelque chose de nouveau dans la région, « un beau cadeau », explique Michal.
Et puis Redu avait déjà une certaine notoriété avec son village du livre. L’infrastructure touristique était là : des restaurants, des librairies, des gîtes. Un village déjà habitué à accueillir des visiteurs.

Un bâtiment avec une histoire
Il a fallu trouver le bâtiment. « Un musée, ce n’est pas juste une maison où tu mets des œuvres », rappelle Michal. Il faut penser à la ventilation, la climatisation, les systèmes de sécurité…
Le choix s’est porté sur l’ancien presbytère de Redu, qui avait aussi été une savonnerie par le passé. Un bâtiment chargé d’histoire, mais qu’il fallait adapter aux exigences d’un musée contemporain. Les architectes de l’atelier de La grange ont travaillé à garder l’authenticité du lieu – comme le bel escalier en bois – tout en le modernisant. Ils ont agrandi, ajouté une terrasse, transformé l’espace.
" Ça aurait été surement plus simple de construire un bâtiment moderne pour le musée mais ce n’est pas ce que la famille voulait », note la conservatrice. Le résultat, c’est ce mélange entre patrimoine et modernité. Avec parfois quelques défis techniques, mais c’est le prix à payer pour conserver l’âme d’un lieu.

Une collection qui leur ressemble
Difficile pour la fondatrice du musée de choisir une œuvre préférée, « il y en a tellement à chaque salle ». Malgré tout, quelques noms lui viennent à l’esprit : un Hans von Aachen, « une œuvre assez rare de l’école de Prague », un tableau de Nicolas Berchem, « parce que je le trouve très lumineux », ou encore un Médard Maertens, « un artiste trop peu connu ».

Un héritage et une histoire qui continuent
En septembre 2023, juste avant le cinquième anniversaire du MUDIA, Eric Noulet est décédé. Mais son rêve continue de vivre. Ses trois enfants et son épouse Marie-Thérèse poursuivent son rêve. « On a transmis notre passion pour l’art à nos trois enfants », confie Marie-Thérèse. L’une a même fait des études d’histoire de l’art et tous ont grandi entourés d’œuvres et de discussions sur l’art.
C’était d’ailleurs l’une des motivations profondes derrière le MUDIA : transmettre. « L’art est un parent pauvre dans l’éducation », regrette Marie-Thérèse. En Italie, l’initiation à l’art fait partie des programmes scolaires. Chez nous ? Beaucoup moins. Créer un musée pensé pour les enfants, c’était leur façon de combler ce manque, de permettre aux enfants d’avoir accès à la culture.
Aujourd’hui, chaque visite d’enfant qui fait de grands yeux devant une œuvre rappelle exactement pourquoi le MUDIA existe. Le rêve continue.



